Volume 38, numéro 1
[ Mot de présentation ]
par Jean-François Barbe
barbejf@videotron.ca
Rédacteur en chef
Que 100 Christiane Charrette se lèvent
Loin de tomber en désuétude en raison de la révolution numérique, les bibliothèques sont plus populaires que jamais. Aux États-Unis, signale le New York Times, elles affichent des taux de fréquentation en hausse de 10 à 30 %, partout sur le territoire. Elles accueillent les nouveaux chômeurs et offrent des outils d’aide à la recherche d’emploi. Sans compter l’accès gratuit au livre, à l’Internet et parfois même à la musique et au film.
En Espagne, autre pays durement touché par la crise, les bibliothèques sont prises d’assaut. Les gens « s’en veulent d’avoir vécu au-dessus de leurs moyens. Ils ont compris que le livre pouvait améliorer leur formation, leur capacité à affronter la vie et un avenir incertain », selon les mots d’un responsable d’une chaîne de librairies de ce pays, au journal La Vanguardia.
Mais rien n’est jamais acquis. Prenons la ville américaine de New York. Lors de la Grande Dépression, ses bibliothèques étaient ouvertes sept jours sur sept. Aujourd’hui, à cause des coupures budgétaires, elles n’ouvriront plus leurs portes que cinq jours et demi par semaine.
Que faire? Se battre. Faire connaître ses services et aller à la rencontre des citoyens. Il y a tant à faire! Saviez-vous qu’une personne sur trois de 16 à 25 ans se situe sous le seuil jugé acceptable en lecture? Et cela se passe ici, au Québec.
Une des nôtres, Christiane Charette, a beaucoup fait pour briser la transmission de l’ignorance et de l’analphabétisme. Elle a mis sur pied un programme, appelé Les livres dans la rue, qui fête cette année son vingt-cinquième anniversaire. Le principe est simple. Des animateurs rencontrent les enfants dans les parcs, les ruelles, les logements sociaux. En leur montrant des livres, ils ouvrent toute grande la fenêtre vers le monde de la connaissance. Ce programme a rejoint plus de 100 000 jeunes Montréalais de 5 à 12 ans. Oui, la société a besoin de Christiane Charette et des bibliothèques, refuges pour tous dans la tempête des subprimes. Et pour longtemps encore.