Entretien avec Xavier Joyal

Xavier Joyal
La CBPQ

Cette nouvelle rubrique donne la place aux jeunes diplômés en bibliothéconomie qui seront les bibliothécaires de demain. Nous sommes heureux de vous présenter un premier entretien avec Xavier Joyal, qui a obtenu sa maîtrise en Sciences de l’information le 25 juin 2023. 

1. Qu’est-ce qui vous a mené à faire des études de bibliothéconomie ?

Premièrement, j’étais curieux de connaître le métier de bibliothécaire car je ne connaissais que le côté archivistique des sciences de l’information. Avant mon entrée à la maîtrise, j’ai effectué un certificat en archivistique. Au début de ma maîtrise, je me suis intéressé particulièrement à la bibliothéconomie et je me suis aperçu après une session que je souhaitais en savoir plus sur la bibliothéconomie. Ainsi, lors de ma deuxième session, j’ai pris un cours axé sur les bibliothèques publiques. C’est à ce moment précis que j’ai su que je souhaitais œuvrer en tant que bibliothécaire dans le futur et en ce sens, j’ai choisi que des cours axés sur la bibliothéconomie et que j’ai réalisé mon stage en bibliothèque publique.

Deuxièmement, ce sont les valeurs de la profession qui m’ont poussé à faire des études dans le domaine. Je trouvais que les valeurs véhiculées par le métier de bibliothécaire me rejoignaient sur de multiples points. Par exemple, le fait que le bibliothécaire souhaite rendre la communauté meilleure, le fait que le métier véhicule l’équité, la diversité et l’inclusion par les services et ses rapports avec la communauté, le fait que la bibliothèque souhaite rendre accessible à tous l’information, etc. Sur le plan personnel, cela me rejoint parfaitement.  

Finalement, je dirais qu’il y a l’impact que peut avoir la bibliothèque ainsi que le bibliothécaire dans la vie de la communauté desservie. À travers les premiers cours reçus à l’EBSI, j’ai appris que les bibliothécaires développent des programmes et services (ex. bouturothèque, activités d’animation, activités de formation, etc.) afin de rendre la communauté meilleure. Cela m’a fortement interpellé et cela m’a également convaincu de continuer dans le domaine.

2. Qu’est-ce que vous voudriez accomplir comme bibliothécaire ?

Comme bibliothécaire, j’aimerais pouvoir développer des programmes et des services pertinents pour la communauté que je desservirai. C’est-à-dire, être à l’écoute des besoins de ma communauté, voir ce qui se fait dans d’autres bibliothèques ici, au Canada et ailleurs dans le monde, etc. pour ainsi créer de nouveaux programmes et services (dont certains inconnus au Québec). Je souhaite notamment avoir un impact dans la vie des gens et c’est ce qui m’anime à vouloir exercer ce noble métier.

Puisque j’ai terminé la maîtrise récemment, je réaliserai prochainement d’autres choses que je voudrais accomplir en tant que bibliothécaire !

3. Quels sont les plus gros clichés sur la profession et qui ne sont pas vrais ?

Il existe de nombreux clichés sur la profession de bibliothécaire et je crois que nous avons tous eu les mêmes conceptions par le passé ! Pour répondre à votre question, j’en retiens deux.

Le premier est celui que le bibliothécaire ne fait que classer et enregistrer/scanner les livres. Ce qui est véhiculé par ce faux cliché est que le bibliothécaire n’a que cela comme tâches et ne fait rien d’autre. Également, je dirais que la raison pour laquelle nous avions cette idée erronée du bibliothécaire est qu’au primaire, ce sont des bénévoles qui effectuent le service en bibliothèque et au secondaire il s’agit de techniciens en documentation (et à de rares exceptions, des bibliothécaires). Ainsi, les élèves croient à tort qu’ils ont devant eux un bibliothécaire et cela ne fait que contribuer à ce cliché.

Le deuxième est celui où le bibliothécaire prie les usagers de garder le silence car il s’agit d’une bibliothèque et non d’un lieu pour discuter. De nos jours, dans les bibliothèques, nous visons à ce que les bibliothèques deviennent des troisièmes lieux. Notamment, nous y retrouvons des espaces pour échanger, des espaces silencieux notamment pour ceux qui souhaitent lire, des espaces de travail/collaboratif, des Fab Lab (dans certaines bibliothèques), etc. Par conséquent, il s’agit d’une fausse conception de croire que le bibliothécaire ne fait que rappeler aux usagers qu’ils doivent demeurer silencieux en ce lieu qu’est la bibliothèque.  

4. Quels sont les défis de la profession selon vous ?  

En ce qui a trait aux défis de la profession, j’en vois trois.

En premier lieu, il s’agit de faire reconnaître notre expertise. Effectivement, ce n’est pas tout le monde qui connaît bien le métier de bibliothécaire. Par expérience, avant mon entrée à la maîtrise, je n’avais jamais consulté de bibliothécaire. Également, j’ai demandé à plusieurs collègues s’ils avaient déjà consulté pour se faire aider dans leur recherche d’information et ils m’ont tous répondu « non ». Je crois qu’un exemple qui illustre bien l’importance de faire connaître notre expertise est le milieu scolaire. En effet, il y a des centres de services scolaires qui ne voient pas nécessairement la plus-value d’avoir des bibliothécaires dans leurs rangs. Donc, il est important de faire connaître notre métier et d’expliquer ce que nous pouvons faire pour aider les élèves dans leur réussite académique et tout au long de la vie (ex. développement des compétences informationnelles, promotion de lecture, réalisation d’activités d’animation ou d’apprentissage dans les classes en collaboration avec les enseignants, développement de collection, réaménagement de bibliothèque, etc.). En somme, le bibliothécaire doit faire valoir son expertise dans le monde de l’information dans les différents milieux de travail (ex. municipal, scolaire, universitaire, etc.) car ce n’est pas tout le monde qui sait ce que fait un bibliothécaire.


En deuxième lieu, il s’agit de s’adapter rapidement aux changements. Effectivement, dans l’ère dans laquelle nous vivons, soit celle de l’information, les technologies évoluent promptement et il important pour le bibliothécaire de se tenir à jour à ce niveau. En ce sens, le métier de bibliothécaire se redéfinit de manière continue et il est important de profiter de cette vague pour adapter les nouvelles technologies à notre métier et ainsi éviter d’être dépassé. Par exemple, dans le monde universitaire, l’intelligence artificielle prend de plus en plus de place notamment avec l’avènement de ChatGPT. Ainsi, il est important de voir comment nous pouvons exploiter cet outil et de l’adapter aux besoins académiques ainsi qu’aux nôtres pour demeurer pertinent.

En dernier lieu, il s’agit de démontrer l’importance du rôle que jouent les bibliothèques au sein de leurs communautés. Au sein d’une communauté, la bibliothèque est d’un lieu de savoir, de connaissance et de véhiculation des idées. Il s’agit également, comme mentionné dans ma réponse à la question 3, d’un tiers-lieu. Ainsi, comme elle joue un rôle essentiel et qu’elle permet de rendre la communauté meilleure, il est important de faire la promotion de nos services et de nos programmes. Également, il est important d’offrir un accès à des collections de qualité qui répondent aux besoins de la communauté. Par conséquent, dans le monde d’aujourd’hui, il est primordial faire valoir ce lieu au sein de la communauté et s’agit d’une partie importante de la profession de bibliothécaire puisqu’il s’agit du milieu dans lequel nous oeuvrons.