Liste des sections
- Contexte
- Les origines
- Le code des professions
- Les premières actions de la CBPQ
- Réflexions et nouvelle image
- Plus de 40 ans d’existence
CONTEXTE
La profession de bibliothécaire a subi des changements majeurs au Québec. D’abord homme de lettres soumis au pouvoir politique, le bibliothécaire au milieu du 19e siècle est sous la tutelle du monde religieux. Au tournant des années 1960, le bibliothécaire est maintenant au service de la culture et de l’information. Il se définit comme un véritable professionnel, réclamant un pouvoir et une autonomie plus grande.
Un comité, formé de la Quebec Library Association (QLA) et de l’Association canadienne des bibliothécaires de langue française (ACBLF)[1], a été créé en 1965 pour étudier la situation juridique de la profession de bibliothécaire au Québec. Un projet de loi destiné à créer un ordre professionnel fut rédigé par un comité et approuvé par les deux associations en 1966. Guy Forget, aidé par les travaux d’Edmond Desrochers, fut au cœur des démarches menant à cette loi.
LES ORIGINES
Le 30 mai 1969 était sanctionnée à l’Assemblée nationale du Québec la loi 175 constituant la Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec. Cette loi visait à donner à la Corporation les pouvoirs nécessaires pour sauvegarder les intérêts professionnels de ses membres, assurer la protection du public et réglementer l’usage du titre de bibliothécaire professionnel. Les buts de la Corporation spécifiés dans la loi étaient de :
- Développer les services de bibliothèques et de centres de documentation;
- Établir des normes de compétences de ses membres, d’édicter des règles d’éthique et de les faire respecter par ses membres;
- Encourager et stimuler l’étude et la recherche en bibliothéconomie;
- Promouvoir, développer et protéger les intérêts professionnels et le bien-être de ses membres.
La loi 175 donnait également une définition du bibliothécaire professionnel. Ce dernier est un spécialiste ayant la compétence requise pour :
- Créer, développer et administrer des bibliothèques ou des centres de documentation en vue de conserver scientifiquement le savoir humain sous quelque forme qu’il se présente;
- Classifier et organiser les instruments de conservation du savoir humain selon les méthodes scientifiques couramment enseignées;
- Rendre le savoir humain accessible aux institutions et aux personnes par l’initiation aux méthodes nécessaires pour utiliser les services de bibliothèques et pour organiser un système local de bibliothèques relié à tout système régional, provincial, fédéral ou international.
Guy Forget fut le premier président de la Corporation pour l’année 1969-1970. Le comité des admissions fut le premier formé et 600 dossiers furent étudiés. Pour devenir membre de la Corporation, un baccalauréat, une maîtrise ou un doctorat en bibliothéconomie de l’Université de Montréal ou de l’Université McGill ou de toute autre université était requis, tant que le diplôme était jugé équivalent.
LE CODE DES PROFESSIONS
Dans les premières années de son existence, la Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec (CBPQ) fut entraînée dans les débats entourant le « Bill 250 » sur le Code des professions. En 1971, les membres constatèrent que la CBPQ n’était pas incluse dans les corporations à pratique exclusive et qu’elle demeurait au sein des corporations à « titre réservé ».
En 1972, la CBPQ comparaît devant la Commission parlementaire et, à l’issue de cette Commission, elle retire sa demande d’inclusion au Code des professions. De 1974 à 1977, la Corporation modifie sa position et demande à quelques reprises son incorporation au Code des professions.
En 1979, un verdict négatif tombe. L’inclusion au Code des professions aurait favorisé une reconnaissance, une participation et une intégration sociale accrues. Or, la CBPQ aurait dû abandonner la portion « défense des membres » pour ne retenir que la protection du public. Elle aurait ainsi perdu beaucoup d’autonomie.
LES PREMIÈRES ACTIONS DE LA CBPQ
En parallèle aux questionnements sur son statut, la politique du livre au Québec a occupé les réflexions et les travaux de la CBPQ durant toute cette décennie. Un comité CBPQ/ASTED/QLA a été formé pour réagir à cette politique.
De 1972 à 1976, des études, des rencontres et des prises de position concernant le traitement des bibliothécaires faisant carrière dans les collèges, les commissions scolaires et la fonction publique ont eu lieu. Un comité CBPQ/ASTED publiait en 1974 un rapport intitulé Discrimination du gouvernement à l’égard des bibliothécaires. En 1976, les membres de la CBPQ ont participé à une manifestation à Québec pour appuyer les demandes formulées dans le rapport. À la fin de cette ronde de négociations collectives, les bibliothécaires du domaine public ont obtenu une révision de leur statut et une hausse de leur traitement.
Photographies de la manifestation de 1976 à Québec.
Les bibliothécaires en colère accusent l’État québécois, article du 22 mars 1976, Canadian Press
De 1978 à 1983, la Corporation a réagi par des mémoires et des participations à des commissions parlementaires à des projets de politiques du gouvernement du Québec. Nous retenons notamment le Livre blanc sur la politique culturelle, le livre vert Pour une politique québécoise de la recherche scientifique, le plan quinquennal du ministre Denis Vaugeois, la loi 51 sur les industries du livre et la Commission d’étude sur l’accessibilité à l’information gouvernementale.
RÉFLEXIONS ET NOUVELLE IMAGE
En 1992, la CBPQ présente un plan d’action en affirmant que le rôle de l’organisme reste le même : prévoir les tendances qui influenceront l’avenir de la profession et préparer les membres à y faire face.
Entre 1997 et 2000, par le biais de réflexions et de consultations auprès de ses membres, elle rédige un nouveau plan d’action sur les enjeux de la profession dans un contexte de mutations sociales et technologiques. Les membres ont opté à 75% pour le maintien du titre actuel et ils ont réaffirmé que la mission et les objectifs de la Corporation répondaient à leurs attentes.
En 2003, la CBPQ chargeait la firme CAP3 Communication d’élaborer un plan de communication duquel a résulté un nouveau logo et l’appellation « bibliothécaire professionnel en titre ».
PLUS DE 40 ANS D’EXISTENCE
Les corporations professionnelles de bibliothécaires en Colombie-Britannique et en Ontario n’ont pas survécu, malgré la vigueur de la profession dans ces provinces. Celle créée au Québec s’est développée et a célébré son 40e anniversaire en 2009.
Malgré les limites que lui confère son statut de corporation à « titre réservé », la CBPQ est devenue un lieu de rassemblement professionnel des bibliothécaires et un acteur de premier plan en ce qui a trait à l’affirmation et au développement de la profession. Elle est le seul organisme à rassembler et défendre les bibliothécaires et c’est un objectif prioritaire depuis sa fondation.
Pour en apprendre davantage, un chapitre entier de l’ouvrage Bibliothécaire : passeur de savoirs, rédigé à l’occasion du 40e anniversaire de la Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec, est consacré à l’historique. Vous pourrez également en apprendre davantage sur les comités, les activités, la réglementation, les congrès annuels, etc.
[1] Qui est aujourd’hui devenue l’Association pour l’avancement des sciences et des techniques de documentation (ASTED).